Le Président de la République Patrice
Talon a délivré ce vendredi 31 juillet 2020 son traditionnel message à la
Nation en prélude à la célébration du 60ème anniversaire de l’accession du
Bénin à la souveraineté internationale. Dans son discours, Patrice Talon a
évoqué les progrès réalisés ces dernières années.
Intégralité de son discours
Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,
Il y a 60 ans, notre pays annonçait au
monde, sa souveraine volonté de se construire en Nation et de se déterminer en
Etat libre.
En ces instants où nous nous apprêtons à
célébrer le souvenir de cette mémorable proclamation, il est de mon devoir de
réitérer l’hommage de la nation à mes illustres prédécesseurs qui ont entrepris
de poser les jalons de l’édification et du développement de notre commune
patrie.
C’est donc avec respect que je
renouvelle la reconnaissance de la Nation à nos valeureux bâtisseurs de
regrettée mémoire que sont messieurs Hubert Koutoucou MAGA, Christophe SOGLO,
Sourou Migan APITHY, Justin Tomètin AHOMADEGBE, Tahirou CONGACOU, Maurice
KOUANDETE, Alphonse ALLEY, Emile Derlin ZINSOU, Paul Emile de SOUZA, et Mathieu
KEREKOU.
J’adresse la même reconnaissance à ceux
d’entre eux que nous avons encore la grâce de côtoyer, leurs excellences
Nicéphore Dieudonné SOGLO et Thomas Boni YAYI.
C’est avec une reconnaissance tout aussi
appuyée que je salue toutes celles et ceux, artisans, paysans, commerçants,
salariés du secteur public comme du secteur privé, religieux ou acteurs
politiques qui, sous la lumière des projecteurs ou dans l’ombre, contribuent à
cette œuvre passionnante et honorable.
Mes chers compatriotes,
Les hésitations qui souvent nous
habitent, les erreurs qui caractérisent parfois nos choix, la crainte du
changement qui nous cantonne quelques fois dans les acquis éphémères et
insuffisants, ne doivent nullement nous stigmatiser et nous faire douter de notre
capacité à nous développer nous aussi.
Les expériences que notre cheminement
nous a permis d’accumuler, doivent plutôt constituer la rampe de lancement vers
ce développement certain et durable dont nous rêvons depuis 60 ans.
Pour ce faire, nous devons assumer notre
devoir d’inventaire avec lucidité, pour surmonter avec courage et
responsabilité les difficultés de parcours.
En effet, pour assurer son développement, notre nation ne saurait se permettre
pour longtemps la répétition d’erreurs ni la persistance de choix qui se
révèlent inefficaces voire nuisibles à son devenir.
C’est le sens des réformes majeures que
le Gouvernement met en œuvre depuis bientôt cinq ans avec votre précieux
soutien.
Les résultats déjà perceptibles, de plus
en plus appréciés et salués à l’international, traduisent la pertinence de
l’option en faveur d’une vision claire pour le développement de notre pays et
d’une gouvernance rigoureuse dans tous les secteurs, débarrassée de la
corruption, des détournements et de la prévarication.
C’est ce qui a permis à notre pays, dans
le cadre de l’évaluation par la Banque Mondiale des politiques et des
institutions nationales en 2020, d’être classé 2ème du continent africain en
matière de gestion économique.
Avant cela, en 2019, le Bénin a été classé
premier des pays francophones d’Afrique en matière de transparence budgétaire,
par une structure internationale d’enquête partenaire de la Banque Mondiale, du
FMI et de l’OCDE.
Cette rigueur dans la gouvernance,
associée aux efforts de chacun, a permis à notre pays, depuis le début de cette
année, de sortir de la liste des 25 pays les plus pauvres de la planète et de
quitter la catégorie des pays à faible revenu pour intégrer le groupe des pays
à revenu intermédiaire.
Ces résultats renforcent notre conviction
que le sous-développement n’est pas une fatalité dont ne peuvent se soustraire
les peuples d’Afrique.
Ils nous rassurent davantage que la
pauvreté et la misère peuvent être éradiquées quand le travail devient une
valeur et constitue la véritable source de revenu, quand l’anticipation,
l’organisation, la méthode et la rigueur caractérisent la gouvernance et quand
chacun répond de son action devant la loi.
Mes chers compatriotes,
En ces moments solennels, je me dois
encore de remercier et de féliciter chacune et chacun de vous, d’avoir consenti
des efforts parfois difficiles et accepté quelques fois, de renoncer à certains
avantages pour permettre la mise en œuvre efficace de cette politique de
rigueur nécessaire au développement de notre pays et à son rayonnement.
Avec courage, lucidité et détermination,
grâce à l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils, notre pays trace
désormais les sillons de son parcours vers le développement.
Nous devons persévérer dans cette
direction afin d’honorer le pari de notre responsabilité collective devant
l’histoire.
Toutefois, quoique remarquables, ces
résultats ne constituent qu’un début de réalisation, des conditions minima
préalables à l’essor de notre économie.
C’est pourquoi nous ne devons point nous en contenter, encore moins arrêter la
dynamique, si nous voulons les amplifier.
Nous devons donc, sans relâche, avec
davantage de courage et d’abnégation, accentuer nos efforts en vue de rendre
plus concrètes, plus visibles, plus satisfaisantes et plus durables, les
avancées qui s’observent ici et là.
Nous avons toutes les raisons d’y
croire, même si chacun ne ressent pas encore dans son quotidien, tous les
effets réels de ces performances qui pourtant, améliorent déjà sensiblement la
satisfaction de nos besoins basiques comme l’eau, l’électricité, les soins de
santé, l’éducation, les routes, toutes choses préalables au développement
collectif et à l’épanouissement individuel.
En effet, le propre des communautés
humaines, c’est de construire d’abord ce qui est essentiel au bien-être général
mais qui, bien que collectivement acquis, n’est pas toujours mesurable à la
dimension individuelle.
Or, c’est bien cela qui va nous
permettre d’améliorer en premier lieu, le confort de vie de chacun et surtout
du grand nombre.
Mes chers compatriotes,
La célébration de cette soixantième
édition de notre Fête nationale intervient dans un contexte tout particulier,
marqué par la pandémie de la COVID-19.
C’est la plus grave crise sanitaire de
notre temps. Elle se double d’une crise économique tout aussi préoccupante.
Tous les pays y sont confrontés, le Bénin aussi.
Mais très tôt, le Gouvernement en a pris conscience et a engagé des actions
hardies pour la contenir.
Aussi, avons-nous mis en œuvre une
politique de riposte courageuse, avec des moyens financiers importants pour
l’acquisition de matériels et de médicaments en vue de prévenir la propagation
de la pandémie et d’assurer la prise en charge efficace des personnes
affectées.
Mais en définitive, c’est le respect par
chacun des mesures prescrites par le Gouvernement et les autorités sanitaires,
qui renforcera davantage notre résilience collective et nous permettra de
triompher plus rapidement de la pandémie.
A cet égard, je veux saluer en votre
nom, le dévouement des personnels engagés dans la gestion de la crise,
particulièrement les agents de santé qui, honorant leur serment et leur savoir,
méritent l’admiration de chacun de nous.
Je veux saluer également la solidarité
nationale qui s’est manifestée à travers d’importants dons en numéraires et en
nature, et exprimer la gratitude de la nation à tous les donateurs.
Je veux enfin remercier nos amis et
partenaires internationaux pour leur contribution appréciée à notre plan de
riposte.
Chacun peut observer que le Gouvernement
mène le combat contre la pandémie sans renoncer à la mise en œuvre responsable
de son programme d’action.
En effet, alors même que nous mettons en
place des solutions d’urgence pour répondre aux défis que pose la crise
sanitaire, nous avons entrepris la réalisation d’investissements massifs
nouveaux pour renforcer notre résilience sanitaire et assurer l’amélioration de
la fourniture des services publics essentiels.
C’est l’occasion de féliciter et
d’encourager tous les agents qui y travaillent sans désemparer, ainsi que tous
les autres acteurs de la vie économique et sociale qui contribuent, par leurs
activités et leur combativité, à la satisfaction des besoins existentiels de
nos populations.
C’est précisément parce que la vie doit
continuer, et que l’activité économique en est un ressort essentiel que le
Gouvernement a, par ailleurs, pris des mesures fortes pour atténuer les effets
socioéconomiques de la pandémie, pour venir en aide aux acteurs qui ont été les
plus éprouvés.
Tout cela est l’expression d’un devoir
de solidarité exceptionnel.
Mes
chers compatriotes,
La célébration de notre fête nationale, marquant le soixantième anniversaire de
notre indépendance, nous engage à la conscience résolue de la maturité de notre
Nation ainsi qu’à la mesure de la responsabilité qui en résulte.
Elle nous impose de sortir
définitivement de l’euphorie des indépendances pour construire notre devenir.
Car il n’y a pas de réelle indépendance,
de réelle liberté sans développement qui nécessite le travail acharné et une
prise de conscience effective de nos devoirs.
Aussi devons-nous, Béninois de
l’intérieur comme de l’extérieur, nous mobiliser davantage autour de nos idéaux
de fraternité, de justice et de travail pour permettre à notre pays d’accéder à
un avenir radieux et d’être de ceux dont la voix compte dans le concert des
nations.
J’ai foi en notre capacité à construire
une nation forte, riche et encore plus solidaire qui assure à tous une vie
décente.
Dans cet élan, notre communauté doit
demeurer bienveillante à l’égard de ses membres qui se sont mis en marge de ses
règles.
C’est pourquoi j’accorde à ceux d’entre
eux qui en réunissent les conditions légales, la grâce nécessaire à leur
amendement et à leur insertion sociale.
Bonne fête nationale à toutes et à tous.